dimanche 31 janvier 2010

La Grande Brune


Ses longs cheveux noirs sont dispersés sur son front et elle fronce les sourcils en regardant son écran. Ses doigts fermes survolent le clavier et les mots s'inscrivent comme une farandole interminable d'images et de sons. Ses univers sont multiples, tantôt bleus, tantôt noirs, et ses récits sont semés avec parcimonie sur la toile, égrenant des moments uniques et magiques . Une image se reflète doublement dans ses lunettes, un sourire illumine son visage quand elle envoie son message, imaginant déjà ses effets, elle jubile...
Le grand pendule du destin l'a mis sur mon chemin un temps d'automne, je n'étais pas encore pirate ou alors en pensée. Mes contes imaginaires n'avaient pas trouvé ponton et c'est sur un mur de lamentations humaines que nous fîmes connaissance...
  • Faisons comme si nous étions amis, personne n'en saura rien ! Dit-elle.
  • Oui, après tout, faisons...Répondis-je
Je l'ai suivie de loin et observée de près quand elle bâtît ses premiers murs et blogs. Elle les a peint de ses angoisses ou de ses exaltations, de toutes les couleurs de son âme, ralliant chevaliers errants, princesses de fortune, artistes maudits ou crétins de misère. Énergie stimulante et aura attirante, elle est l'étoile vivante de constellations d'âmes des flux internet ! Parfois elle se repose dans son antre, attendant le moment propice de lancer un défi, un statut ou un pamphlet pour jouer, tourmenter les trublions ou amuser ses amis...
Nichée près d'un grand fleuve, sa maison a l'air comme son thé, orangé ou vanille, remplie de bibelots et d'une fleur étrange. Un bol fume près d'un ordinateur qui centralise les informations qui servent à son occupation première : Écrire !  
Ses passions sont littéraires, musicales et surtout cinématographiques. Ses écrans noirs derrière son carré blanc projettent des aventures. Elles sont guerrières, bavardes, amoureuses, humoristiques, maléfiques, angoissantes...Elle apprend à contrôler son imagination débordante, un flot de mots en continu dont elle ne connait ni le fond ni l'origine. Elle raconte...  
On la voit marcher de long en large, selon l'inspiration. Le dictaphone hurle ses pensées comme si son cerveau capturé cherchait à en sortir. C'est une boîte à miracle des mots, ceux qu'elle a oublié d'avoir dit et qui se régurgitent en feuilles de papier qui s'impriment en romans...
Créature de la nuit, le temps n'a pas de prise sur elle, les jours rejoignant même les nuits et on se demande quand elle prend un moment de dormir. Le jour, elle scrute le temps à travers la fenêtre, cherchant un rayon de soleil ou un corbeau qui picore les semailles de son jardin, puis replonge le nez dans son travail, raturant et notant, tapant et copier-collant...
De temps en temps, ses murs tremblent. Elle crie son désespoir, ceux des désirs inassouvis de sa vie, ou elle hurle son plaisir, ses jouissances partagées de ses vies secrètes. On ne connait rien vraiment d'elle, elle sort de temps en temps vers la capitale, retrouver des boulevards, des amis chers, des inconnus de hasard avec qui elle partage l'air du temps...
Puis elle rentre chez elle, retrouver une grosse boule de poils au museau humide et fou d'elle. Elle grimpe alors sur sa balançoire et prend son élan. Ses pieds semblent pointer vers son destin, elle balance encore et encore, elle voit le monde, elle est bien...

C'est mon amie...

...La grande brune.

vendredi 22 janvier 2010

SCO and JACK


« Nous avions atterri par hasard sur un vieux bateau plein de termites qui était en cale sèche dans cette petite crique qu'on appelait des « Deux-Rochers ». L'île du Crâne n'était pas spécialement l'endroit où je serais venu passé mes vacances, mais Lorenzo et ses hommes nous pourchassaient depuis deux jours et Daniel n'avait pas choisi de crasher l'hélicoptère à cet endroit.

Nous avions dévalé en catastrophe les marches qui conduisaient dans l'antre de cette goélette fantôme car nous entendions nos amis arriver de l'autre côté de l'île et il fallait vite se mettre à couvert. L'endroit était puant, une odeur de fauve qui donnait l'impression que son propriétaire venait juste de sortir, mais je choisissais une cabine à droite pendant que Daniel tournait à gauche vers une cuisine qui n'était plus habitée que par les rats.

Nous étions tapis et il fallait que ce bateau crie son silence jusqu'à l'autre bout du monde, que Lorenzo and co nous croient morts dans l'accident, et nous puissions nous faufiler jusqu'au prochain village après la nuit. L'organisation avait un contact en couverture, une épicière un peu chaude, fallait bien qu'on croit à sa légitimité...Je me glissais dans une panière à linge pas trop pourrie, et tendais mon oreille...

Je faillis m'évanouir quand une main me bâillonna la bouche et je sentis quelqu'un derrière moi. Sa barbe frôlait ma joue et je sentais un tricorne...Je contenais ma peur mais me souvenais de toutes ces légendes de Capitaines sur ces vieux rafiots et je me maudissais d'avoir regardé ces DVD fantastiques où des pirates venus du fond des ténèbres jouaient aux cartes des princesses ingénues. Le brigand en profitait pour me peloter et je fermais les yeux en souhaitant de me réveiller.

Non point. Le pirate continua ses palpations et je ne m'inquiétais point jusqu'à ce qu'il défisse son pantalon. Je ne devais pas pousser un cri, ma vie et celle de Daniel en dépendait. Mon sens du sacrifice n'avait jamais failli pendant toutes mes missions mais un pirate dans un panier à linge était quelque chose de nouveau. Je pensais à mes amies Ysa, Virginie et Victoria qui n'auraient jamais imaginé ce que j'étais obligé de supporter dans ma profession. J'enviais leurs vies de femmes accomplies et je les entendais me dire encore : « Andréa, on t'envie ! Les princes arabes multi-millionnaires, les palaces, les poursuites en Rolls et les hôtels cinq étoiles, ça c'est une vie ! » Ailleurs, l'herbe est toujours plus verte, c'est bien connu...

Pendant mes rêveries, l'homme, si c'en était un, avait pris possession de votre serviteur, et je craignis un instant que le va-et-vient puisse alerter nos poursuiveurs. Non pas, mais un autre phénomène m'inquiéta autrement. Comment dire ? J'étais émoustillée par la vigueur de mon assaillant et je commençais à ressentir un plaisir que je n'avais pas connu depuis longtemps. N'en déplaise à tous mes amants, pas si nombreux mais néanmoins conséquents, j'éprouvais un plaisir avec ce fantôme que je n'avais pas connu depuis une mission au Congo il y a bien longtemps. Je tremblais à l'idée de lâcher un cri ou un râle et je soufflais comme pour un accouchement afin de contrôler ma jouissance...

La main sur ma bouche m'arrangeait bien à bien dire, velue mais ferme et je pus profiter jusqu'au bout de mon plaisir. En nage, mon corps fit quelques soubresauts jusqu'à un orgasme sans nom...

Je me réveillais, fraîche et détendue et cherchais de la main mon amant. Le panier était désert et j'ouvris le battant. Je sortais dans le couloir et l'absence de lueurs me disait que c'était la nuit. J'appelais Daniel...

« Daniel ? Tu es là ? » Dis-je doucement.

  • Oui, suis là...

  • Tu crois qu'ils sont partis ?

  • On verra bien...

Lorenzo et ses hommes étaient bien partis, lassés sans doute par le guano des mouettes et les rochers pointus. Je pensais encore à ma drôle d'aventure, mais n'en parlais point à Daniel. Peut-être aurait-il lui aussi une histoire de sirène fantôme à me raconter. Ces hommes, ils sont toujours prêts à tout...Les salauds ! »


Andréa Scoffield, Les mémoires d'une tueuse à gages ( extrait ).


jeudi 14 janvier 2010

Une Fin bateau


La goélette sembla s'arrêter dans l'espace-temps de l'île du Crâne. Au dessus de moi, Bosco avait cessé de se trémousser, et les yeux dans le vide, il semblait fixer la petite rouquine devant lui, un balai à la main :

  • Alors Capitaine, quel effet ça fait ? Dit Maia la sorcière en me regardant, souriante.

  • Pas plus que lorsque je lui demandais un petit dessert à la fraise ou des profiteroles !

Maia était rancunière, je la soupçonnais de s'être vengée de l'intrusion chez elle avec Clochette. C'était réglé, j'attendais donc qu'elle me rende tricorne et attributs.

Je vis l'atmosphère s'obscurcir et quand la luminosité revint, je n'en croyais pas mes yeux :  

Maia s'était donné l'allure d'un pirate, et sous sa barbe, ses gros sourcils et sa peau tannée de vieux briscard, je reconnaissais son visage...

Bosco, toujours fixe comme une statue de sel, ne nous vit pas rouler-bouler sur le lit et nous chevaucher. Ma joue se collait à celle hirsute d'une Maia renouvelée, ma main collée contre son pantalon montrait de nouveaux atours, les siennes calées sur mes fesses laissaient présager un partage prochain. Je souriais dans la barbe que je n'avais plus et j'allais subir par la rouquine une chose dont j'avais envie depuis longtemps. Mystères de la vie.

Elle se collait contre moi pour que je sente bien son envie et elle commença à onduler lascivement. Mes seins se durcissaient et j'avoue que je commençais à m'habituer à mon corps et ses réactions. Le plaisir des femmes est comme un puits sans fin, encore faut-il amorcer la pompe comme pour avoir de l'eau...Ma sorcière se prenait au jeu de son côté, nous étions comme enveloppés d'un linge mouillé qui mêlaient nos sueurs et nos envies. Malgré de nos sexes intervertis, nous retrouvions ce désir primaire et premier comme lors de nos premières rencontres...

Je basculais dans un autre monde quand je la sentis, et je me retournais pour mieux la chevaucher. Un éclair nous tétanisa un instant et je mis ça sur le compte de nos jouissances. Je touchais ses petits seins et sa peau rousse roulait sous mes doigts comme du parchemin. Ma barbe frotta son...

Ma barbe ?

Je réalisais que le sortilège avait disparu et j'étais redevenu Jack le Pirate dans toute sa splendeur !

Je regardais la belle et retrouvais ma vaillance masculine. Son sourire bienveillant m'invita à aller plus loin... La profondeur des sentiments n'est pas un vain mot, et j'allais et venais pour l'assurer de mon amour. Nos étreintes se multiplièrent, nos corps basculèrent en harmonie, nos bouches furent pleines de nous, K était loin de nos pensées quand je tombais du lit lourdement au cours d'une pirouette, mon sabre se coinçant dans l'orifice du plancher...

Tout fut sombre à nouveau.  

Je revenais à moi. Lentement. Je n'arrivais pas à situer où j'étais. Mon ancre mouillait, je sentais le vent dans mes voiles et...

Je saisis l'horreur de la situation. J'essayais de ne pas paniquer....

Je sentis des dizaines de pieds piétiner mon ponton. Le hurlement de Bosco me parut si faible cette fois. Je vis dans le ciel quelque chose voler...

Une sorcière sur un balai me faisait signe. Surtout ne pas répondre, on ne sait jamais...


FIN

Je refermais mon portable soulagé d'avoir fini mon histoire, je m'adossais contre les cordes épuisé par ces histoires de mutations. Je sentais un petit sourire poindre au coin de ma bouche, j'étais arrivé à mes fins...Même en littérature, il est bon de satisfaire ses désirs, et c'est les yeux encore ébouriffés que je me souvenais des ébats avec ma petite sorcière rouquine. On fait comme on peut...

Jack Rackham.

dimanche 10 janvier 2010

Un Corps de Rêve


Les derniers marins quittèrent tardivement ma cabine. Le rhum blanc avait coulé à flots et j'avais même participé abondamment, pensant que cela raccourcirait la soirée...Bosco avait pensé autrement et nous avait fait la surprise d'un tonneau secret qu'il réservait pour les grandes occasions. Le cœur brisé, je voyais reporter au bout de la nuit mes retrouvailles avec...Mais comment s'appelait-elle au fait ?  

J'étais seul de nouveau, et il était si tard que même les mouettes s'étaient arrêtées de voler. Je sortis le carton et le posais sur la grand' table, exactement au même endroit que précédemment. Le cœur serré, j'ouvrais les battants et vis un sourire fendre mes joues au regard toujours vivant de ma visiteuse clandestine qui me regardait...  

Je m'appelle K.

  • Pourquoi K ? Demandais-je.

  • Pourquoi pas...

Je n'insistais pas car je me laissais prendre à nouveau à ses atours, je remarquais sa chevelure, et accoudée sur la table elle écartait insidieusement les jambes en inclinant la tête. Son invitation était plus qu'explicite et je crois bien que j'allais accepter. Après tout, Tim étant absente depuis quelques jours, et elle m'avait elle-même envoyé ce présent après tout.

Je regrettais d'avoir bu autant car je n'étais pas très en forme, virilement parlant. Elle se rendit compte de ma lassitude et s'approcha de moi...

Ses mains massaient mes cuisses pendant que sa bouche se rapprochait de mon sabre endormi. Il sembla sortir de sa torpeur quand K opéra quelques opérations secrètes que je ne voyais point car se passant dans sa bouche. Les secrets des femmes sont parfois perdus à jamais car l'absence de témoin dans ces endroits obscurs ne nous laissent que l'alternative de les imaginer à nouveau, pour notre plus grand plaisir ! Je reprenais le fil de ma concentration et comme par magie, par la bouche de K exactement, l'élan de votre Capitaine avait repris vigueur et une envie d'abordage me prit, que j'assouvissais sur le champ...

La belle était offerte comme un fourreau, et je m'abandonnais avec fureur à notre coït sauvage ! Tout était devenu sombre, j'avais trop forcé sans doute, et sur le rhum blanc et sur la fille...

J'étais comme enveloppé d'une gaine lisse et peu à peu je reprenais mes esprits, je revoyais la lumière de la lampe et cherchais K qui semblait avoir disparu. Rien ne m'avertit d'un sortilège jusqu'à ce que je me vis dans le miroir à bascule. Aucun cri ne sortit de ma bouche à cet instant.

La peau de K m'avait comme absorbé, j'avais ses cheveux, sa bouche, son...Je bougeais un bras pour bien voir que c'était moi qui bougeait, pas de souci c'était moi...

Je me palpais partout pour essayer de comprendre, je me caressais aussi pour le plaisir. Le sortilège me donnait des avantages. J'étais bien une fille, mes doigts étaient là pour le prouver ! C'était presque agréable et même magique. Je n'eus pas le temps de me questionner sur les suites qu'entraînerait cette transformation , quand je vis Bosco me regarder.

Il était entré dans la cabine sans que je m'en rende compte, il me toisait. Je compris rapidement sa pensée quand il me prit par les cheveux.  Je me débattis mais rien n'y fit. J'avais un corps de rêve, je réalisais ...

Je n'entendis rien d'autre qu'un petit rire à ce moment-là.

Un rire de sorcière...


( A Suivre...)

Jack Rackham

PS: J'ai de ces idées, j'vous jure ! Comment me sortir de ce pétrin...

samedi 2 janvier 2010

Le Cadeau de Tim


Le nouvel An a fait son affaire à Jack Rackham. Le tonneau de rhum blanc a rendu l’âme, et je regarde mes pieds qui dépassent des draps, sur la rambarde du lit. Mes chaussettes à carreaux sont jolies, malgré les trous qui s’agrandissent au fil de la semaine…

J’attends mon bain hebdomadaire pour mettre mes nouveaux bas, un cadeau de Bosco pour la Noël. La pendule fait tic-tac, et je regarde entre mes pieds quelque chose posée sur la grand table de ma cabine. Un grand carton que je n’avais point vu au crépuscule de l’année écoulée.

Je me lève, les jambes flageolantes, et m’approche de l’O.P.N.I. ( Objet Posé Non Identifié ). C’est bien un grand carton et un mot est posé tout contre. J’ouvre et je lis :
« Mon cher Jack ! Un contretemps m’empêche d’être auprès de toi à l’aube de cette nouvelle année, alors j’ai pensé que tu aurais besoin d’un petit remontant. Fais à ta guise, c’est un magicien qui me l’a transmise, c’est de bon cœur…Ta tendre Tim. »

L’attention était élégante, le nœud du carton aussi. D’un coup sec, je coupais la mince corde qui en retenait les battants et j’ouvris grand pour voir la surprise. Un œil me dévisagea et je reculais d’un pas. Une fille de deux mètres de haut se déplia devant moi, une légère ressemblance avec Lady Ania Chester, mon attachée de presse imaginaire, mais non…  

Elle déplia ses longues jambes et sortit complètement du carton. J’en profitais pour la lorgner un peu partout, sa fourrure était fournie, ses fesses bien dessinées, ses seins fermes…Sa bouche semblait gourmande et ses épaules taillées pour être saisies. Des pliures en sourires jonchaient sur le long de son corps, ses hanches larges et sa taille fine donnaient la vedette à un nombril goûteux. Sa peau mouchetée de tâches d’envies et de jouissances invitait à l’amour, je me réveillais peu à peu comme un ange qui découvre ses ailes et veut les essayer…

Mon visage en tabouret la fit s’asseoir sur le lit et ma langue alla au fond de son envie comme un hors-d'œuvre. Elle allait et venait de ses hanches comme pour m’inviter à continuer, je lui frisais les moustaches et avalais son suc en récompense. Je continuais de visiter le jardin puis passais à la boutique. Appuyant un peu plus fort, je m’engouffrais au firmament des ses festins…

Pendant mes balades intestines, elle jouait avec mon sabre de Capitaine qu’elle aiguisait pour un prochain voyage dans ses entrailles ou son palais. Cela ne tardait guère et je sentis comme un serpent enrouler autour de sa proie son muscle de pénitence…Sa gorge décapsulait une à une mes volontés, pour y boire ma semence. Elle lécha ses babines comme une libertine, un doigt retenant la goutte invisible de son désir…

Un bruit sourd me réveilla de mes ardeurs, on frappait à ma porte…Je rangeais vite mon cadeau dans sa boîte que je refermais soigneusement, sans un adieu mais avec un sourire, et j’allais ouvrir.

Sur le pas de la porte, ils étaient quelques uns tenant quelques bouteilles, Mildred et Bosco en tête : « On a pensé à vous, Capitaine. Le verre de l’amitié, y’a rien de mieux pour commencer l’année… »

BONNE ANNEE A TOUS ! ! ! Répondis-je, l'oeil ébouriffé, comme un chat dans la gorge...


( A Suivre ? )

Jack Rackham