lundi 28 février 2011

Nouveau : Les Balthaz@r des Blogs !

 Voici le speech de chez Cortisone, lisez attentivement :

"Il y a les Césars, puis les Oscars, et les Balthaz@rs...
En ce moment, à la télé ou sur l’Internet, c’est le festival de remises de prix divers et variés.
Quand on ne récompense pas des blogs à tort ou à raison, on décerne des meilleurs ou pires acteurs, actrices, films, albums, chanteurs, chanteuses ou autres réalisateurs.
En veux-tu des Césars, en voilà des Oscars.
Si t’as pas eu le NRJ Music Award, t’inquiète, t’auras la Victoire de la Musique.
Et si t’as pas reçu un Nanard, attends, tu vas prendre un Razzie.
Comment ça t’as pas été élu meilleur Golden Blog Award? Pas de panique, t’es élu meilleur blog chez ELLE, quand t’as pas oublié que tu t’étais inscrite chez Cosmo.
Enfin, tout ça pour dire qu’à grande échelle, on s’y perd un peu et on oublie de se demander ce qu’on aime VRAIMENT.
C’est pour ça qu’un soir, entre nous, sur Blogitexpress, on s’est dit qu’on pourrait nous aussi lancer à petite échelle, on va dire à escabeau, notre petit concours intimistes des blogs qu’on aime.
Histoire de dire les blogs qu’on aime lire, auxquels on a plaisir à participer, ou qu’on aurait envie de faire découvrir aux autres.
Juste comme ça, pour le fun, entre nous, sans jury, sans bataille de votes.
Pour le plaisir, n’est-ce pas mon cher Herbert.
Et on s’est pas dit qu’on pourrait, on le fait.
Nous, le conditionnel, c’est pas notre temps préféré.
Alors avec MHF, Orfeenix, Cortisone ou encore .a2f, on a mis au point hier les Balthaz@rs.
L’idée?
Simple.
Chacun propose 2 blogs favoris parmi les 5 catégories proposées:
* société (info, actu, politique ou généraliste)
* culture (musique, art, création…)
* littérature (livres, BD, blogs d’écrivains)
* photo
* divers (tout le reste)
La sélection dure 15 jours, à compter de ce lundi 28 février jusqu’au lundi 14 mars.
Au terme des participations, les nominés seront alors proposés aux votes, afin de désigner le blog que VOUS avez préféré dans chaque catégorie.
5 Balthaz@rs seront alors décernés.

Pour participer, c’est encore plus simple:
* Vous copiez et collez ce billet en citant à la fin les 2 blogs que vous aimez dans chaque catégorie et vous reportez l’url de votre billet dans les commentaires chez Cortisone, entre le 28 février et le 14 mars.
* Le 15 mars, un nouveau billet sera publié avec un sondage pour chaque catégorie, auxquels vous apporterez vos votes, en vue de décerner 5 Balthaz@rs!"
( Article rédigé par ZETTE.)
Et voici mes votes ( Ceux de Jack le Pirate ) :
* Société : Mediatik  et  La Vie Qu'on Aime
* Culture :  Marieaunet  et  Elisabelleauboisdormant
* Littérature : Cortisone  et  Sort-Céleri
* Photo : Un jour une vie  et  Reflet
* Divers :  ( Biographie ) Victoria  et Nanou


Voilà ! Mais y'a de quoi se mélanger pour les catégories, certains blogs peuvent se coller sur toutes !
Besos et votez bien !
Jack

vendredi 25 février 2011

37°2 le Soir

L’épicerie n’était pas restée longtemps inoccupée et les quelques gérants furtifs pour le plus grand bonheur de Tim, avaient laissé place pour de bon à une propriétaire bon teint : Solange.

Il y a des prénoms comme ça, auxquels on associe des vertus tendancieuses voire érotiques et c’est ainsi qu’hormis les Solange, j’avais toujours été troublé par les Muriel, Patricia ou Marie-Laure. Rien que l’évocation de ces prénoms magiques, éveillait en moi comme un sésame à ma virilité et mon imaginaire sexuel. Je regardais alors ces charmantes personnes comme des servantes de l’amour et leurs atours prenaient une forme sensuelle dont je ne pouvais plus oublier la fonction. Céline, Angélique ou Leila s’ajoutèrent à cette liste au fil du temps, mais revenons à notre épicière…

Bien plantée sur ses jambes, elle dodelinait sa longue chevelure blonde et épaisse en rangeant les boîtes d’épices, et en se mettant sur la pointe des pieds pour atteindre une étagère impertinente, me permettait d’imaginer une tension double d’adducteurs encadrant un trésor de féminité.

- Oui, je m’appelle Solange, me répondit-elle en redescendant de son effort. Et vous Capitaine ?
- Jack, susurrais-je pour l’obliger à s’approcher. 

Elle se rapprocha de moi effectivement, me faisant profiter des senteurs de sa peau granulée. Son rouge à lèvres sentait bon goût aussi et je m’en délectais pendant qu’elle zieutait le dessus de mon tricorne décati, étant légèrement plus grande que moi.

- Les acariens ont trouvé logis, ironisa-t-elle.
- J’aime les animaux. Répondis-je du tac au tac.

La grande bringue se mit la tête en arrière en riant un grand coup et je sentis que nous venions de lier amitié. Me caressant la joue en signe de bienvenue, je me mis à lui confier un secret qui pouvait agrémenter la suite de notre après-midi.

Voyons Capitaine Jack ! Sursauta –t- elle, vous me dites qu’en mettant la tête entre les cuisses de certaines femmes, vous pouvez voyager dans le temps ?

- Oui, c’est bien ça. Dis-je, en baissant les yeux.
- Mais c’est énorme !
- Je sais, on me l’a déjà dit…Répondis-je, avec un petit sourire.
- Je veux bien essayer, moi. Déclara-t-elle, surpris. J’ai toujours adoré le voyage dans le temps !

Un sourire suave éclaira son visage et je compris que je voyagerais cette après-midi entre les cuisses de ma nouvelle épicière. Je la basculais entre les raisins et les poivrons rouges, et ma barbe se glissa entre ses jambes s’écartant, laissant mon nez et ma langue trouver le code d’entrée de ce vaisseau spatio-temporel.

Elle partit au quart de tour quand je saisis le bouton de son envie entre mes lèvres et le suçotais comme un cachou. Femme de goût, elle m’envoya un flot de remerciement avant que tout s’éteigne et qu’un noir profond m’envoie à l’autre bout du temps.

Mais je n’eus pas le loisir de savoir où j’étais quand je sentis une bouche s’occuper de mon sabre enflammé et peu à peu, je retrouvais conscience au milieu des raisins et poivrons. Solange avait encore mon plaisir à la bouche et entre deux déglutitions, me dit les yeux grands ouverts :
- Capitaine ! Je peux le faire aussi ! Je vous ai fait revenir…

Depuis ce jour, je viens souvent à l’épicerie partager un moment avec Solange.  Une passion animale nous unit et nous aimons nous retrouver dans les fruits et légumes le nez dans nos passeports vers l’inconnu.  

Nous sommes allés très loin dans le futur chacun à notre tour, partageant notre imaginaire. Mais nous allons bientôt goûter le plaisir de remonter le temps vers le passé, j’ai une petite idée sur comment faire mais ça c’est une autre histoire…


Jack Rackham.

Photo: JH Anglade/C. Célarié dans 37°2 le Matin.

mardi 22 février 2011

Lady Marmelade

La demoiselle était venue à bord sans prévenir, voulant me faire la surprise de m’attendre dans mon bureau. Peut-être était-elle une espionne ou une représentante de commerce. Le catalogue des voiles et des sextants n’avait plus de secret pour moi. Mais je n’étais pas là et ce que je vous raconte, une mouette me l’a rapporté…  

Elle s’avança dans les coursives, regardant nonchalamment au dessus d’elle, tâtant cordages et  lissant les mâts en passant, humant l’air des marins…Il n’y en avait point sur le pont et elle descendit l’escalier vers les cabines et cuisines. Le bois sentait bon le parfum de la nouvelle arrivante et malgré la houle inexistante, le bateau tangua imperceptiblement pour sentir ses épaules cogner contre les parois de bois, et ses cuisses se tendre pour éviter la chute.

Elle vit la porte de la cuisine et la poussa, sans y être invitée. Bosco était plaisantin et pugnace et nul invité sans son accord ne franchirait le pas de sésame. Elle n’entendit pas le seau basculer mais sentit le liquide pégueux  dégouliner très lentement depuis le sommet de son crâne. 

Surprise, elle s’était laissée glisser le long de la porte et elle sentir la matière recouvrir, son front, sa joue, son cou, ses épaules et descendait sur tout son corps inexorablement.

Avec sa langue, elle tenta d’arrêter le flot du liquide et même le gouta. C’était plutôt bon et elle continua par jeu, et puis par gourmandise.

Ça la chatouillait sur tout le corps, mais elle ne voulait toucher avec ses mains la matière transparente et huileuse, comme si c’était un sacrilège. Elle s’imaginait dans sa position et se mit à sourire. Elle sentit la rivière descendre jusqu’entre ses cuisses et entre ses fesses. Des pensées coquines lui vinrent à l’esprit, et elle ouvrit ses jambes pour mieux profiter du moment…

Tous les hommes du quart regardaient le spectacle depuis le couloir, et mille pensées traversèrent leurs esprits à la vue du tableau. Un essaya bien d’imiter le miaulement d’un chat mais ils restèrent finalement immobiles et bouches bée comme des statues.

Seul Bosco, confus, osa une phrase en se mettant à moitié la main sur sa bouche hilare :

« Mademoiselle, vous aimez le sirop d’érable, vous… »


Photo : Monica Bellucci.

samedi 19 février 2011

La Queue du Crocodile échoué

A l’occasion des congés scolaires, je laissais tomber mon portable et ma vie maritime pour recevoir sur le Poséidon quelques écoliers en souffrance de travaux pratiques. La classe de la nouvelle institutrice de l’île du Crâne, une certaine Rosée du matin, déjà avait reçu leçons de Bosco et Mildred pour les rudiments des cordages et recettes de cuisine quand je les vis arriver dans ma cabine de Capitaine.

Je saluais la demoiselle enseignante et fis asseoir l’assemblée des jeunes gens, leur servant limonades et part de far breton. Je me méfiais comme rhume des foins de la tarte aux fraises, connaissant les us de ce bateau et voulant garder intacte leur candeur à mes jeunes visiteurs.

« Rosée du matin, c’est japonais ? » Dis-je à la petite institutrice, préoccupée à avaler son far d’une bouchée.

« Ch’est un churnom d’un bon ami, que j’ai gardé. Ce far est délicieux, Capitaine Rackham. »

Ceci posé, je m’asseyais dans mon rocking-chair et commençais à capter l’attention de mon petit auditoire, finissant un jus de fruit par des slurp à transpercer les oreilles. Bref…
 « Et si je vous racontais l’histoire du Crocodile échoué ? » proposais-je. Je prenais l’attitude du vieux loup voyant au dessus de sa tête ses souvenirs et faisant mine de les lire.

« Il y a bien longtemps, un crocodile géant avait pris position sur une plage de l’île et nul n’avait pu l’en déloger ou même le repousser vers un endroit moins passant. Crânant et grognant, il faisait les cent pattes d’un rocher à l’autre, gardant sa bande de sable comme un chien de garde. Quand le bourgmestre du village décida d’appeler…un génie ! »

- Un Génie ? Firent les gamins, en cœur.
- Oui. Répondis-je.

« Mon grand-père avait trouvé une bouteille magique sur la plage il y a bien longtemps, et libérant ce génie enfermé, celui-ci avait fait promesse d’un service pour un jour de besoin…Ce jour-là était venu et le Génie fit office. »
J’arrêtais l’histoire, pour tester un peu qui écoutait.

- Et que fit-il alors, pour stopper l’animal ? Osa Rosée du matin, interrogative.
- J’attendais cette question, fis-je mystérieux, en fouillant ma poche pour chercher mon tabac et mon idée. Et bien, il se transforma en ballon géant, puis fit des bonds, et des bonds, très très hauts…
- Et ? Me lancèrent trente paires d’yeux exorbités. 

« …Et bien, après un dernier rebond de plusieurs centaines de mètre de haut, il retomba sur le crocodile et l’écrasa ! Un grand plouf le fit disparaitre et le choc fut si violent qu’il ne resta que sa queue…Et voilà ! »

Les enfants estomaqués, eurent le souffle coupé un moment puis les rangs se défirent et un brouhaha de « C’est ça, oui… » envahit mon bureau. La petite dame Rosée toujours attentive, me montrant un sous-verre, me demanda : «C’est bien sa queue, là ? » 
- Oui, mon grand-père l’a empaillée en souvenir et j’en ai hérité naturellement. Dis-je en trouvant le fourneau de mon fumoir en bois.

Je la voyais, mettant son nez sur la vitre pour mieux en voir les détails et machinalement, son doigt glissa sur le verre, ramassant poussière.
- Je crois qu’un petit coup de ménage serait le bienvenue, monsieur Jack. Si vous cherchez main d’œuvre, je peux passer un jour m’occuper de vos souvenirs…Dit-elle, en avalant sa salive.

Je sentis tout-à-coup mon tricorne s’enfoncer jusqu’aux oreilles, empêchant de les voir rougir à l’idée que quelqu’un puisse tant de temps après, s’occuper de la queue de mon grand-père. 
Et le plaisir d’une bonne pipe termina cette matinée, saluant ma visiteuse en nous souriant à l’invitation de prochaines retrouvailles…

Clin d’œil à quelques récits de Saint Valentin, lus par-ci par-là…

Jack Rackham.

jeudi 17 février 2011

Baiser Volé

Sa langue avait bon goût et j’aimais les petits morceaux de galette Saint-Michel qui avait échappé à la déglutition, du moins la première fois. Ses lèvres douces me donnaient comme du baume du cœur, y revenant pour mieux repartir vers sa gorge chaude et humide de son désir.

Nos muscles se caressaient comme deux gants de Guignol et nos mains libres de mouvements, en profitaient pour se connaître mieux, se posant sur des galbes doux et des crevasses mystérieuses. Parfois en catimini, nous parcourions le cou de l’autre puis revenions partager nos gorges, nous enfonçant au plus loin comme pour se manger !

Nous osions à peine respirer tant le menu de l’autre nous plaisait et nos imaginations se libéraient du temps, oubliant où nous étions et nos vies respectives…

Une dernière fois, nos langues firent l’amour longuement puis nous nous reculâmes pour se regarder. 
Partageant un clin d’œil complice, je pris appui sur le lit mou, faisant valser quelques bibelots et livres, puis je plongeais dans le téléviseur pour rejoindre ma vie de pirate, ma goélette et mon hamac.

Un petit sourire se vit poindre au coin des lèvres de Josépha, puis elle éteignit la télévision…^^



Jack Rackham.

lundi 14 février 2011

Le Sabre d’Ysa

Dans tous les pays du monde, aujourd’hui c’est la Saint Valentin. La Saint-Valentin, c’est le jour Anniversaire, la fête de tous les Amoureux ! Malheureusement, Tim est partie faire des courses à l’autre bout de l’île et les matelots en ont profité pour  rejoindre femmes et fiancées. Seul Bosco est resté à bord avec Mildred, annonçant une idylle ou une relation torride. J’ai d’ailleurs fait provision de cire, car j’ai horreur d’entendre souffrir et après la Saint Valentin, souvent point la Saint Hercule…

Heureusement, le vide du rafiot avait été rempli par la visite agréable d’une jeune femme cherchant un travail afin d’économiser pour rejoindre sa mère patrie : Tel-Aviv ! Ressortissante d’Israël, des soubresauts de fortune avaient éloigné temporairement la jeune femme blonde de son pays et elle faisait tout sous forme de petits boulots, pour rejoindre coûte que coûte son berceau familial. Une petite annonce à l’épicerie locale l’avait conduit jusqu’à moi et mon petit doigt me disait que j’allais l’aider dans son projet de voyage à ma manière, lui permettant de gagner quelques sous la rapprochant des siens.

Je lui proposais des travaux de dépoussiérages de mon bureau et je lui montrais le chemin tout en la suivant, admirant de derrière sa belle chevelure blonde, et sa croupe de femme accomplie…

« Je commence par quoi ? » me demanda-t-elle droit dans les yeux, saisissant le plumeau avec vigueur et me troublant ce faisant. Son regard parlait parfaitement pour elle, et collés l’un contre l’autre, je remarquais son beau bleu où je lisais des aventures que j’aimais et que j’aurais aimé goûter.

Je lui proposais de commencer par nettoyer les armes et derechef, elle se saisissait de mon sabre. Sa main experte montrait bien son expérience et son goût de l’objet, commençant à polisser lentement l’engin. Le va-et-vient m’enlevait un sourire de gratitude car peu de femmes avait dans le passé su s’occuper de lui avec autant de dextérité.

Je voyais bien sa bouche s’agiter de ne rien dire et préparer un peu de salive afin de faire reluire mon beau sabre. Je le regardais d’ailleurs différemment car il me semblait plus grand à présent. Les  mains d’Ysa avaient le don de faire grossir les choses, sans doute leurs minceurs donnant autre proportion aux objets.

Elle fit couler un peu de son liquide sur mon sabre, puis de sa langue commença à l’enduire. Je fermais et je sentais bien que j’avais là affaire à une experte en sabre, et de renom. Sa bouche goumande aurait pu honorer un régiment d’escrimeurs tant ses lèvres donnaient du brillant et du volume à ce qu’elle avalait en faisant rouler ses lèvres.

Excité, je me reculais pour la regarder travailler, puis lui proposait d’enfiler le sabre dans son fourreau, ce qu’elle fit sur le champ et d’un coup sec. Elle appuya ensuite de tout son corps pour bien enfoncer la lame et joua ainsi avec le manche, faisant des rotations et jouant de son autre main avec les pompons ballotant. J’avais un spasme de plaisir à voir cette belle femme reluire mon sabre et je l’en remerciais…

Elle le remit ensuite dans son étui de verre puis me demanda si j’avais autre chose à nettoyer. Quand Bosco entra brusquement dans mon bureau et lança :
- J’ai toute une batterie de cuisine à polir, c’est du cuivre. Va falloir astiquer sec, mais la petite dame m’a l’air experte, je vous donnerais  un coup de main s’il le faut…

La porte claqua sur mon souvenir de la belle, en me disant qu’avec ses qualités professionnelles exceptionnelles, ma petite dame ne resterait pas trop longtemps dans l’île et rejoindrait bientôt son beau pays…
 

Bonne Saint-Valentin à Ysa et à tous et toutes…

Jack Rackham.

Photos : Jessica Lange ( Le Facteur sonne toujours deux fois)

vendredi 11 février 2011

Histoire d’échangisme (Classé X )

Les mondes imaginaires ont l’avantage de pouvoir raconter les choses qu’on veut et justement on peut remonter des temps qui n’existent pas, et même celui de la jeunesse de Maia et Jack, comme s’ils avaient grandi l’un près de l’autre ( ou pas loing )…

On n’ose imaginer quand même les effets secondaires sur Jack de cette promiscuité infantile, le complexe d’Œdipe devant être largement moins dangereux que le complexe de Maia-Luna !

Bref…Chacun était sur son île, du Crâne pour l’un et Luna pour l’autre, et ils avaient lié connaissance au cours d’une balade en cigogne probablement ou alors par un tour en balai sauvage, la petite même petite ayant de la ressource. Ce jour-là donc, ils avaient décidé de se rencontrer sur leur île mitoyenne de la Humpa, afin de traiter une affaire de la plus haute importance…

- Salut ta !
- Salut ta ! ( Maia imitait souvent ce que disait Jack.)
- Tu es bien d’accord pour cette histoire d’échangisme ? Hein ?
- Ben oui, pour qui tu me prends ! J’sais des choses et plus que tu crois…
( Maia bluffait souvent mais sa chance naturelle et son culot la sauvait des pires situations. )

- Tu auras le cran ? Ce sont des choses où il faut savoir ce qu’on veut, et après, plus de retour en arrière !
- Meuh non, je suis curieuse au contraire. Tu sais que t’es fou toi, pire que moi !
- Tu m’ébouriffes le tricorne Maia, tu sais que je t’aime bien, ta ?
- Moa aussi ! J’aime jouer au docteur avec toi, trouver les maladies, te donner les médicaments, mettre les suppo…
- Beurk ! Pas bon…Je préfère quand on joue au Smoutche-moi-là, ça c’est cool ! Hi hi…
- Ça tu l’as dit Jack. T’es fou… Bon, pour cet échangisme, on le fait ?
- Ben oui, on le fait…Tu l’as amené ?
- Ben oui je l’ai…Et toi ?
- Ben, oui tiens !
- Il est beau…Je peux le toucher ?
- Voui…
- Il a combien de pages ?
- De pages ?
- Ben oui, ton album de cartes aux Trésors cachés ! 
- Je rigolais, le voilà ! Tu croyais que…
- Ha ha ! Je croyais rien ! Je connais les trucs échangistes depuis longtemps, je suis une grande !
- Bon, ton Trésor du Capitaine Haddock contre mon Trésor de Christophe Colomb, ça va ?
- Plus un muxu, alors ! 
- Ça va… Dit Jack en regardant les beaux yeux de Maia.

Maia et Jack échangent plein d’images et leurs cœurs palpitent à chaque Trésor échangé qu’ils convoitaient. Côte-à côte allongés devant leurs albums, leurs bouilles dodelinent de plaisir d’être ensemble,  les mondes imaginaires sont faits pour les enfants  et déjà ils imaginent la prochaine partie de Strip-marelle qu’ils vont pouvoir partager…

Mais ça c’est une autre histoire !

lundi 7 février 2011

Plus Belle la Vie encore

Elle est venue sur mon bateau avec son grand sac de fille. Un bonjour lancé à la sauvette et elle a mis sa serviette sur la partie du pont ensoleillé, celle où les mouettes viennent se rincer l’œil, quand Tim ou Katia viennent bronzer intégral.

Elle cherche une position pour bien prendre le soleil ou alors elle essaye de m’allumer. Je ne bronche pas sous mon tricorne du dimanche. Elle fait mine d’humecter ses lèvres comme si elle venait de se mettre du rouge ou du baume anti-gerçures. Mais je sais bien que non, et je l’imagine sous ses lunettes noires, se foutant de ma gueule.

Je traine mes bottes autour de son endroit et je racle ma gorge, je vais engager la conversation. Devinant mes intentions, elle retire ses besicles et arrange son tissu mauve qui lui sert de maillot…

- Vous êtes Capitaine, ou simple matelot ? Prenant les devants.
 -Capitaine, vous avez deviné. Dis-je en souriant de mes dents incertaines.
- Et vous vous rincez l’œil toute la journée, ou vous travaillez un peu ?
- Dès fois je fais un peu de hamac, pour les visiteuses qui aiment. J’aime bien faire plaisir !
- L’endroit est passant, vous devez avoir de bonnes journées… 

C’est là que la brise de l’après-midi me donne un coup de main et le pagne de mon invitée se met à flotter au vent, et des yeux je fais le tour de sa maison. Le jardin est florissant et j’imagine y trouver un ruisseau où j’apaiserais ma soif…

Elle songe à me dire quelque chose du genre : « Faites comme chez vous Capitaine, un peu de Cinéma c’est bon pour un pirate ! »

Mais non. Elle me regarde fixement mais plus gentiment, et le vent continuant à être mon allié, je m’approche un peu plus car je lis comme une invitation sur ses lèvres…


Jack Rackham.

Photo : Sandra Bullock.

mardi 1 février 2011

L’Amant de Lady Ania

Je l’observe qui compte les caisses de rhum, en dodelinant imperceptiblement le menton, lui donnant une moue resplendissante au soleil couchant qui commence à recouvrir l’île du Crâne. Elle m’a aperçu et me salue discrètement puis reprend le comptage de la cargaison. Les mouettes rasantes sonnent le glas de la journée de travail, et je sens mon attachée de presse se décontracter par quelques regards vers le ponton qui attend le clic-clac de ses bottes pointues.

Je frotte ma barbe en la scrutant à nouveau et j’imagine une aventure dont elle serait l’héroïne, une grande avec un beau destin, une qui aurait de la gueule, une belle histoire avec un prince charmant…

Elle a mis un chapeau et accoudée à une rambarde, regarde l’horizon.  Saïgon pullule de monde à cette heure et elle attend un homme. Elle l’a rencontré dans les bureaux indochinois de la World Rackham‘s Company.
Son sourire était doux et sa proposition de prendre un thé en ville était gentille. Elle a dit oui naturellement sans y voir du mal ou quelconque allusion. Elle a d’ailleurs pris quelques notes dans son carnet secret, évoquant son charme et sa tenue.

Elle attend un homme depuis longtemps. Non pas que quelqu’un lui ait posé un lapin, mais c’est plutôt de l’homme de sa vie dont on parle. Celui qui l’accompagnerait dans sa vie, partagerait ses secrets, sur qui elle pourrait compter, celui qui la respecterait sans la craindre, l’aimerait sans la posséder ou la soumettre.

Elle a faillit se décourager quelques fois mais l’espoir est revenu. Ces quelques mois sur l’île du Crâne avec ce Capitaine l’ont fait reprendre force et courage. Elle voyage un peu partout dans le monde pour accompagner quelques cargaisons et faire la renommée de la Compagnie. Elle écrit de plus en plus d’ailleurs, fourmille d’idées et garde tout sous forme de notes et même de photographies.

L’homme s’approche d’elle et sa prestance rassurante la réconforte du vent qui lui donne froid. Il recouvre de sa veste ses épaules nues et ils font quelques pas vers la rue foisonnante où ils choisiront un salon de thé accueillant et tranquille…

Lady Ania revient sur le pont de la goélette, faisant une pause de mon aventure. Son sourire illumine son visage encadré de ses longs cheveux noirs et elle serre son carnet, ayant déjà en tête quelques chapitres de sa vie ou qui sait un projet secret. Elle aime écrire et j’imagine ce qu’il est.

Un livre où elle raconte la rencontre d’un homme qui va la combler, remplir sa vie et son cœur. Qui la fera voyager, aimera son corps et lui donnera le sien…Elle frémit d’avance de son destin puis repart dans ses rêves où je reprends ses aventures.

L’homme lui sert une tasse de thé, et leurs yeux échangent des paroles de paix…
Elle a le titre de son roman et sa pudeur imagine à peine des images d’amour et de frôlements sensuels.
 
« L’amant de Lady Ania. »

Peut-être qu’on en fera un film un jour.

Qui sait…


Jack Rackham.




Photos du Film de JJ Annaud, "L'Amant" ( 1992 ) d'après le livre de Marguerite Duras.
Dessins Sophie Griotto.