vendredi 29 juillet 2011

Orfeenix contre l'Invisible

Haut perchée sur ses talons, elle regarde à travers un hublot voir si elle m’aperçoit. Quelques moussaillonnes filent en emportant les draps car elles craignent le courroux de ce Phoenix au pelage de feu habitué à défier le temps et les éléments.

Elle grimpe la passerelle dodelinant des fesses, la jupe légère et le sein découvert, un cahier de textes glisse de sous son épaule et elle ramasse en se baissant jusqu’aux oreilles, ses poèmes et ses rimes, pour le plus grand bonheur de Bosco et Mildred aux yeux qui se rassasient d’elle en un instant. Un sourire du coin de l’œil et déjà elle file vers la cabine de son Capitaine, qui prépare son plus beau baldaquin pour recevoir sa belle...

Un bisou sur la joue scelle notre amitié et on se remémore les manants et les gueux, découpés en morceaux devant sa porte en trophées de misère. Elle respire la bonté et son corsage rebondit de sa générosité vers mes yeux alanguis. Son sourire est suave et sa main se baladant déjà sur mon poitrail, fait fuir quelques mouches imaginaires  se perdant dans un dédale de poils roux.  

Elle me caresse comme une démone et je sens que le cake aux pruneaux préparé en son honneur va rassir jusqu’au matin. Nos corps se pressent comme du raisin et nous nous goûtons timidement pour commencer, comme des voraces pour continuer…Sa langue téléphérique va faire un tour jusqu’à ma glotte et puis revient.
Nos habits filent en l’air et nous nous retrouvons nus comme des vers de ses poésies, préparés à tout mais n’ayant peur de rien. Un oiseau de lumière rentre dans la cabine et éclaire nos envies, nous transformant comme la tapisserie en peau de caméléon.

Elle reprend son souffle puis se penche sur mon désir pour elle qui grossit à vue d’œil.

Une douceur m’envahit.

 Celle de son envie…

Pour mon amie Orfeenix, Isabelle à ses heures :)
Jack Rackham

lundi 25 juillet 2011

Gaga de cette Lady

Quelquefois, j’ouvre mon grand grimoire qui me sert de journal de bord, souvent en fin de semaine, et j’écris les évènements marquants de la vie du Poséidon. L’été c’est plutôt tranquille et hormis une livraison douteuse de farine en Jamaïque, il y a que les gueules de bois de Mildred qui mériteraient que les mouettes s’y attardent. Et encore…

Pourtant, il y avait eu cette petite soirée entre matelots qui laissa trace dans quelques esprits et dans ma cabine aussi. Mais passons. J’avais engagé une chanteuse afin d’égayer le pont du navire ce samedi soir là, et la petite Solange de l’épicerie m’avait présenté une artiste de ses amies, une demoiselle Aurélie.  Une sympathie nous rapprocha et elle fut engagée sur le champ.

La fête battait déjà son plein, le rhum coulant à flot, et notre chanteuse montant sur une estrade aménagée à cet effet se lança dans une série d’interprétation musicales agrémentées de froufrous volants et de levage de jambes digne des plus grands cabarets. Son succès fut confirmé quand elle commença une danse espagnole, dévoilant des jambes admirables et une croupe digne des plus belles courtisanes.

Sautant de table en table, du moins ce qui restait des tréteaux où étaient posées les victuailles, elle se donnait du mieux qu’elle pouvait pour remplir son contrat. L’honneur de l’artiste, de music-hall soit-il, est de contenter sa clientèle et ses spectateurs. Quelques chansons, « Bad romance », « Poker Face » ou « Born this Way » eurent un grand succès et j’avoue qu’Aurélie commençait à me faire de l’effet.

J’avais bien vu qu’elle ne m’avait quitté des yeux de la soirée et son numéro commençant à devenir obscène, je préparais les hommes à la fin du spectacle et Bosco m’aida à contenir voire assommer certains hommes devenus trop pressant. Là je bénissais le ciel du voyage imprévu de Tim qui avait du filer suite au télégramme qui annonçait le décès subit de sa tante Margot. Je dus d’ailleurs réfléchir longtemps en l’écrivant car certains prénoms ont l’orthographe incertaine…

Le pont désert, Aurélie et moi fîmes quelques pas de danse et nous rejoignîmes ma cabine, échauffés du rhum, de la danse et d’une irrésistible attraction à laquelle nous ne comptions pas résister. Mais ça c’est une autre histoire…

Je prenais ma plus belle plume en tirant la langue, encore fatiguée des baisers d’Aurélie et j’écrivais quelques mots sur cette belle soirée et cette rencontre.

 Car vous n’allez pas me croire mais depuis, cette Lady, j’en suis vraiment gaga…



Jack Rackham.

vendredi 22 juillet 2011

Vent de Vous

L’amour, j’en ai bavé mon amour, disait la chanson.

Ma vie n’était pas si mal, au fond. Calé entre mes cordes, je tapotais vers et proses en hommage à une belle ou un ami, racontant des amours imaginaires ou sublimés.  Quelques hommages au Cinéma  qui sera inventé quelques siècles plus tard mais au diable les anachronismes, je m’étais accaparé les flux Internet pour surfer à ma guise et refaire mon monde, alors...

Tim me laissait liberté pour mieux garder la sienne mais cela arrangeait nos libidos décalées et notre amour propre. Les parts de tarte aux fraises de Bosco me coutaient quelques courbatures intimes mais cela permettait de garder une certaine bonne harmonie sur le navire, montrant qu’un Capitaine sait mettre la main à la pâte pour encourager la passion d’un de ses hommes. Bon là, j’en fais un peu trop mais c’est mon caractère…

Le commerce marchait plutôt bien et Lady Ania mon attachée de presse se démenait comme une diablesse pour décrocher moult contrats avec des compagnies maritimes de tous continents…Mes moussaillonnes étaient reconnaissantes et affectueuses, se donnant corps et âmes pour mon plus grand bonheur et le leur. Des princesses, des sirènes, des épicières et autres pomponettes aux peaux suaves qui excitaient et embaumaient mon corps de pirate…

Puis j’ai eu vent de vous.

Mon amour…

Depuis j’ai du mal à écrire, certaines moussaillonnes s’éloignent comme se sentant répudiées, et mes marins me regardent comme un pirate qui aurait arrêté de boire, ce qui est vrai et arrêté de jouer aux cartes des nuits entières, pour conter fleurette à une fille même pas de chez moi. Mouaip…

Ne vous déplaise, ce n’est même pas une javanaise.

Avoir en vain envie de vous, même le temps d’une chanson, faut vraiment le vouloir…

Non ?


Jack Rackham

La Javanaise, par Serge Gainsbourg

J'avoue
J'en ai
Bavé
Pas vous
Mon amour
Avant
D'avoir
Eu vent
De vous
Mon amour

Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d'une chanson

A votre
Avis
Qu'avons-nous vu
De l'amour
De vous
A moi
Vous m'avez eu
Mon amour

Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d'une chanson

Hélas
Avril
En vain
Me voue
A l'amour
J'avais
Envie
De voir
En vous
Cet amour

Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d'une chanson

La vie
Ne vaut
D'être
Vécue
Sans amour
Mais c'est
Vous qui
L'avez
Voulu
Mon amour

Ne vous déplaise
En dansant la Javanaise
Nous nous aimions
Le temps d'une chanson

lundi 18 juillet 2011

La Statuette du Plaisir

Si les voyages forment la jeunesse, les bibelots ramenés des contrées lointaines peuvent faire voyager tout autant. Le Capitaine Hendrix faisant escale à l’île du Crâne avant de retourner vers sa chère Bretagne, m’avait invité à prendre le rhum et en profitait pour m’offrir une statuette hindoue ramenée du pays. Ce qui m’étonna car les bretons font partie de ces peuples qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes (Je ferais une liste bientôt, ça va grincer des dents…).

Remerciant chaleureusement mon collègue, il m’expliqua de faire attention aux deux fioles encastrées sur le dessus qui devaient rester à l’horizontale, reliées dans le bois par une tige qui imprégnées des deux substances en même temps dégageraient une alchimie odorante aphrodisiaque. Grattant ma barbe, j’observais l’engin en souriant et fis très attention pour revenir vers le Poseidon. 

« Ma femme aimait jouer avec une du même genre pendant les dîners entre amis. Cela mettait de l’animation et changeait des longues nuitées de cartes ! » M’avait-il glissé, et l’été avançant, j’oubliais le cadeau d'Hendrix et ses effets, posé sur un rebord de fenêtre dans la salle à manger.

Justement, nous avions organisé une petite soirée dansante avec les quelques amis de la région et au beau milieu des festivités, Orfée, une bonne amie des flux internet des Caraïbes, manipula l’engin machinalement. « Et ça Capitaine, c’est une réserve de viagra ou des pastilles de camphre pour les vieux rhumes ? » Remuant la statuette, je fus d’un coup saisi de pensée malicieuse et mon amie me sembla simultanément  préoccupée par mon sabre et la langue qui m’encombrait  la bouche. Elle me semblait la plus belle femme que je n’avais jamais vue, et c’était vrai, et je la pris sur les genoux, entamant deux coïts en haut et en bas, partageant nos sexes et nos langues. 

Tim et Madame Willouby nous aperçurent en premier et manifestèrent leur surprise en s’approchant de nous :

-        -   Jack, voyons ! Tu pourrais attendre un de mes voyages, que vont dire les gens !
-         -  Capitaine Rackham ! Vous  vous comportez comme un animal, un…

Quelques « Hmmm mmm » pour toute réponse et ils s’approchèrent de la statuette, humant malencontreusement l’onguent instable. Dame Willouby ne fut pas longue à remarquer le torse de Bosco qui passait par là. Lui-même oublia ses affinités homosexuelles et tournant sa proie nouvelle en remontant sa robe à fleurs 1600, il la prit sauvagement par derrière en poussant le cri de guerre des guerriers Aquimpouhas !!  

Ce qui alerta Maia-Luna qui passait aussi par là, cherchant la réserve de Jurançon. Rosée du Matin, une amie du coin, qui regardait quelques livres dans la bibliothèque, s’écarta juste à temps pour que la tite sorcière se jette sur Jack Sparrow qui nous avait fait la surprise de sa visite…Le corps en feu, elle s’offrit à lui comme une putain de Cancun et elle lui fit aller chercher tous ses hommes pour épancher sa soif de mâles jusqu’au petit matin. Touchant à peine la statuette, Rosée se contenta d’une bonne glace partagée avec Mildred qui allongé les bras sous la tête se laissait faire avec amour et volupté…

La nuit fut longue et tous les hommes et les femmes de l’île partagèrent un moment d’amitié et plus sur le Poséidon. Au petit matin, Tim rangea dans une cantine connue d’elle seule  la statuette maléfique (euh, pas si maléfique que ça en fait !) puis astiqua le bateau avec Bosco qui n’avait de cesse de la regarder d’un œil nouveau.

C’est là que Victoria, celle qui tient le fast-food de l’île, arrive. « Ben, on ne me dit jamais rien à moi. J’ai trop à faire avec ma nouvelle maison…Dis-donc Tim, tu penseras un peu aux copines, j’ai un repas de famille prévu bientôt. J’aimerais bien rigoler un peu ! Hi hi ! ».

Pendant ce temps volant dans le ciel, un balai de sorcière avait du mal à tenir le cap et Maia le manche, un peu défaite et fourbue, et cela faisait un beau zig-zag dans le ciel bleu vers l'horizon…

Jack Rackham.

vendredi 15 juillet 2011

Mon Panache

La lune au zénith éclaire mon hamac et je dodeline doucement, bercé par une houle qui soulage mon tourment. Mon tricorne accroché au dessus de ma tête protège mon esprit des vents et des mouettes…Mes yeux regardent au loin, et j’avale une gorgée de bière et mon chagrin. Je marmonne quelques épitaphes et regarde mon nez de misérable qui pousse comme betterave. L’esprit de Cyrano me prend dans un sanglot, c’est la rage qui me projette hors de ce temps pirate et je vois l’astre plein qui scelle mon destin…

Ces Roxane sont belles, moi qui ne voit que leurs mains, tapant des hirondelles en baldaquin au dessus de leurs textes en tissus de leur gloire. Elles ne me perdront pas un jour comme un coquin, c’est ma plume qui les tient éveillées tard le soir. J’aurais aimé les prendre amantes et accessoires, mais elles n’ont que faire d’un anodin bretteur de mots de foire. J’ai aimé pourtant les côtoyer et à l’orée de mon ultime soir, je régale mon cœur d’imaginer une heure partageant leur amour comme dessert de festin...

Je sens la mort qui rôde et j’entends le tocsin, m’annonçant de revoir ces jeunes et vieux amis partis déjà, mais aussi ces vieilles connaissances que j’ai toujours haï, la bêtise et la peur, la vanité et la condescendance, les préjugés et la cupidité enfin. Je frôle aussi ces robes de chagrins, belles et rebelles attachant mon âme de satin...

 Je croise le fer en pensée mais mes forces s’épuisent et je sens venir la fin. Mes pensées ultimes se tournent vers mes amoureuses, moussaillonnes de mon cœur, toutes celles qui m’ont donné le bonheur et qui sans chercher toujours les sentiers de la gloire, m’ont donné leur amour, leur corps, et  pour mon plus grand plaisir et mon honneur, n’ont connu…

… que mon panache.


Jack Rackham

Je crois que ma vie commence à prendre du corps. Dans «Un Air de Cyrano » j’avais essayé ce costume à appendice qui ne m’allait guère. Je reviens en guerrier, le cœur émoustillé et fourbu, mais l’âme sereine…^^

mercredi 13 juillet 2011

Les Yeux du Chat

Sa langue remonte et redescend, et se régale des petites aspérités au goût de noisettes. Des envies de gland lui viennent à l’esprit comme un écureuil, et son duvet roux se dresse sur tout son corps à cette évocation.  Maia fait la gourmande et dodeline la tête en fermant les yeux, jouant à la minaude pour le plus grand plaisir de son Capitaine…

Le hamac les balance au milieu des cordages, les hommes lorgnant la petite rouquine qui dévore son goûter avec voracité. Jack la caresse pendant qu’elle recommence, sa faim est immense et  elle repique du nez, léchant et mordant, titillant et se frottant. Le cornet du pirate est un dessert de reine, et elle en profite goulûment, oubliant où elle est et se foutant des gens.

Les yeux du chat fixent les va-et-vient de la langue mutine qui de régale de tout. Elle enroule les raisins puis la bouche les gobent, malaxant le trésor avant de l’avaler. Elle croque encore l’affaire puis dévore le tout, mâchant bruyamment et éructant…

« Je mange ma glace comme je veux » hurle t-elle au vent, en souriant.

mercredi 6 juillet 2011

La Tite Cigale et la Tite Fourmi

Les têtes blondes se sont multipliées avec l’été. Les mères célibataires de l’île du Crâne se sont débarrassées de leur progéniture, sans vergogne, mais Jack le Pirate en costume de grand-père au rocking-chair, leur a concocté une histoire de derrière les fagots, foi de pirate…

«La lande était quiète au pays du Tonneau Renversé, rempli de contes imaginaires et d’animaux de toutes sortes. Justement, au bord d’un chemin et discutant après un accident de sentier, une tite cigale et une tite fourmi…

- Hé alors, monsieur la cigale, vous n’avez pas vu mon clignotant ?

- Je sifflotais en écoutant le dernier Lady Gaga, oh belle fourmi !

- J’ai l’aile arrière froissée maintenant, on va faire un constat.

- Si vous voulez, j’ai tout mon temps, la bise n’est pas encore venue !

- Pas d’allusion mal placée, et pas d’illusion à vous, monsieur. Je suis une fourmi travailleuse et honnête et j’ai déjà un fiancé…

- On dit ça ! Une petite cabriole vite fait dans les buissons à côté, vous ne diriez pas non !

- Oh si je dirais non ! Je ne suis pas celte que vous croyez, et je mets de côté pour l’hiver quelques beaux sentiments…Laissez-moi donc et trouvez-vous une animale de joie qui correspondra à vos galipettes. Adieu…

La fourmi s’en va et sur ce, arrive Clochette, venue directement de l’imagination de Maia, une petite sorcière…

- Je veux bien moi, une galipette derrière les buissons. D’ailleurs c’est quoi une galipette ?

- Hé bin, ma petite, heureusement que le Loup de Mère-grand n’est pas passé par ici sinon ton compte était bon ! Viens par là, on va faire un tour de manège dont tu me diras des nouvelles…

- Lâche cette libellule tout de suite sinon j’appelle le Capitaine Crochet !

- Peter Pan ! Décidément, tout fout le camp dans ce conte. Je ne sais si ton plumage vaut ton ramage mais faut que j’aille au garage avant la fermeture et je n’ai pas de temps à perdre avec une petite puritaine ! Je te la laisse…

Clochette et Peter regardent la cigale partir, et quelques idées passent dans leurs yeux, bien décidés peut-être à profiter de l’après-midi. Mais…

- Ne sois pas fâchée, Clochette, j’ai rendez-vous avec un Phoenix, un bel oiseau qui m’a promis le 7ème ciel et c’est pas que je sois pressé mais il y a un lièvre qui a pris de l’avance !

- Tu veux dire un lapin, Peter ! Grrr, je n’ai pas de chance avec toi Peter ! Tu préfères toujours une autre, je vais finir par me lasser…

- Sois patiente, les mondes imaginaires ne comptent pas le temps et je repasserais par là quand j’en aurais fini avec mon beau Phoenix !

Clochette s’envole un peu triste et laisse tomber un fromage. Un corbeau qui passait par là le ramasse…

- Ben tiens, c’est mon jour de chance. Pas de baratin et pas de renard, je vais pouvoir me le manger tranquille !

- Halte-là du corbeau !

- Ben tiens, c’était trop beau…Vlà une tortue !

- Contrôle des douanes ! Réquisition de ce beau fromage de fée, ordre de Jack le Pirate ! Le pays des Mauviettes n’est pas l’île du Crâne, mais il y a une certaine influence. 

- Encore amoureux, je parie. Il veut offrir mon fromage, c’est pas de chance !

- Il y a une jolie chouette perchée sur sa vigie, il tient beaucoup à elle. Elle lui rappelle une princesse kurde de ses amies, les mêmes yeux en amandes qui scintillent de mille feux. Et son plumage…

- Ah, c’est une bien belle histoire. J’ai hâte de savoir la fin…

- Les belles histoires n’ont pas de fin.

- C’est encore plus beau alors… 

La tite fourmi rattrape la tite cigale et lui propose de partager les torts pour l’accrochage. Elle lui glisse un mot à l’oreille et il rougit. Mais ça c’est une autre histoire, bien belle aussi ! " ^^ 


Jack Rackham.

samedi 2 juillet 2011

Les Copains d'abord

La vie de pirate et de marin, en dehors des tempêtes essuyées et des combats menés, c’est l’amitié…

Quelques verres de rhum, des filles et une partie de cartes jusqu’au bout de la nuit avaient réunis pour la première fois Peter, John et Ben. Je les avais côtoyés durant mes jeunes classes sur des trois-mâts commerciaux avant qu’ils ne se lancent dans la carrière théâtrale.

John entrainait souvent ses copains à quelques aventures dans les tavernes, et les tonneaux défilaient sur les tables mais aussi les histoires qu’il aimait mettre en scène en faisant jouer Peter et Ben. Sa femme Gena était le centre de son monde et sa manière de manier les pistolets n’avait d’égal que sa beauté blonde, et son regard périphérique bleuté tuait les gusses qui osaient la fixer trop longtemps. Ce fut John qui parti en premier, un foie trop fragile succombant aux tournées de bars avec ses meilleurs amis…

Peter avait eu la chance d’incarner un détective populaire dont le succès lui permettait de revenir jouer avec John et Ben quand il le voulait. Sa démarche chaloupée et son œil de verre ajoutait à son charme italien, maniant aussi l’humour, ce qui plaisait aux dames. Shera la sienne, n’avait d’yeux que pour lui et elle prit soin de lui jusqu’à la fin, son esprit ayant perdu la mémoire de sa vie et la perpétuant en boucle pour ses meilleurs moments.

Ben, derrière le cortège noir qui accompagnait son ami pour son dernier rôle, réfléchissait à sa vie passée et saluait en pensée ses deux amis John et Peter partis trop tôt à son goût. Se demandant bien pourquoi il était lui encore là, il songea à Gena et Shera qu’il irait saluer de temps en temps.

« Je n’ai jamais trouvé la femme de ma vie, c’est peut-être pour ça. » pensa t-il en souriant. Et avec la souplesse d’un vieillarde 81 ans, il s’approcha de la jeune hôtesse du crématorium pour voir si son charme opérait toujours…

Sacré Ben !*

Jack ackham.

* Ben est finalement décédé le 3 février 2012, il devait trop s'ennuyer de ses deux copains...

L’acteur Peter Falk nous a quitté le 23 juin 2011, à 83 ans. Il a incarné de 1968 à 2003 pour la télévision le célèbre inspecteur Columbo. Pour le Cinéma, il a interprété quelques beaux rôles dans des films comme Un Château en Enfer (Pollack 1969), Mikey et Nicky (May 1976), Les Ailes du Désir (Wenders 1987). Avec John Cassavetes et ses amis, ce furent Husbands (1970), Une Femme sous Influence (1974), Opening Night (1977), Big Trouble (1986).
 
John Cassavetes  (1929-1989) acteur et réalisateur, a réalisé aussi Faces (1968), Meurtre d’un Bookmaker Chinois (1976), et Gloria (1980) avec sa femme Gena Rowlands dans le rôle-titre,  son plus grand succès. 

Ben Gazzara, (1930-2012). La série télé  en 1965 « Match contre la vie » le consacra. Il tourna au Cinéma, hormis ceux de Cassavetes, Autopsie d’un meurtre (Preminger 1959), Le Pont de Remagen (1969), Le Voyage des Damnés (1976), Conte de la folie Ordinaire (Ferreri 1981), Don Bosco (1988)…





En haut à gauche, Peter Falk, Ben Gazzara et John Cassavetes dans Husbands.

En bas à droite, Peter Falk en Inspecteur Columbo.