De gros nuages noirs venaient d’assombrir le ciel du
monde, des pirates maléfiques attaquant tout navire au hasard de leur soif de
sang et semant la terreur sur tous les ponts. Mon tricorne carburait pour trouver
une idée, pour se dérouter du sillage de la peur et retrouver l’âme des vertes
années où en fermant les yeux, une seule image apparaissait devant moi : celle
de bouteilles de rhum à la queue-leu-leu montant jusqu’au paradis…
J’avais lancé une petite invitation à quelques amis partageant
ma blogosphère pour venir jusqu’à ma goélette et passer un moment, quelques jours, des vacances,
s’ils le voulaient. Mon ami le Magicien me donna un coup de main pour le carton
d’invitation et la ligne directe vers mon bateau, nulle explication n’étant à
fournir car un magicien aime à garder ses petits secrets, vous vous en doutez.
Celestine fut la plus dure à convaincre, une histoire
de hamac et de chocolat entre nous mais la magie opéra et elle sembla ravie de s’aérer
jusqu’à mon pont, elle en avait besoin m’avoua t-elle. Bizak ronchonna un peu,
suite à une plaisanterie malheureuse de ma part dont j’ai oublié la teneur, mais la
présence de Célestine l’amadoua et la promesse de celle d’Orfeenix finit de le
convaincre. Il arriva par le tapis
volant de 9h57, affrété spécialement pour lui. Jerry Ox les suivit de près, atterrissant
dans un flot de mélodies musicales et manquant une marche sous le gros rire de
Bosco.
Puis ce fut le tour de Rosée du Matin, qui gara sa mobylette
gonflable contre le bateau, et de Fred Demars mettant pour la première fois depuis
longtemps le pied hors de son continent.
« J’ai pris mon dico d’anglais, on sait jamais
ça peut servir. »
Orfeenix arriva enfin, telle une princesse de conte de
fées, en parapluie volant à la Mary Poppins ou Nanny McPhee. Cela sembla donner
le signal de départ de la journée et les hommes semblèrent très excités aussi à
la présence de ces demoiselles et damoiseaux.
C’était bon de voir Bizak entre les deux donzelles, les yeux ronds et grands ouverts de bonheur, palpant et serrant ses blogueuses favorites et heureux comme un enfant. Rosée avait commencé à se lier d’amitié
avec deux beaux matelots musclés, pendant que Jerry n’arrivait plus à se défaire d’un
Bosco très entreprenant qui voulait lui faire goûter de sa « Tarte
aux fraises ». Fred semblait pensive et regardait le lointain pendant que
Mildred s’occupait de son décolleté, grimpé sur la hune et plongeant vers ce point de vue magnifique …
Je ne sais plus qui proposa un poker arrosé avec un petit
intéressement et des enjeux plus imagés, Orfeenix je crois, mais la soirée pris
une autre tournure que j’avais à peine imaginé. Si Célestine se coucha au sens
propre et figuré, elle ressemblait à un ange quand elle balançait endormie dans
son hamac au clair de lune, les autres entamèrent une longue nuit de cartes, de
rhum, et de camaraderie.
Rosée avait l’air d’une vraie pirate avec son
bandeau noir et son ceinturon, un sabre planté près d’un sac de pièces d’or qu’elle
avait gagné, ainsi qu’une nuit avec un matelot dont on attendait le tirage au
sort incessamment sous peu.
Jerry jouait de la guitare et amassa une petite
fortune en écoulant tout son stock de CD de sa production, prenant les
commandes pour sa nouveauté à venir.
Après un strip-poker improvisé clôturant la partie, on
s’était enfermé à clefs avec Orfeenix dans ma cabine pour faire une blague à Bizak, sautant sur un vieux sommier grinçant,
en hurlant et criant comme des amoureux en rut ! Ouvrant enfin la porte,
on lui raconta la vérité et on partit dans de grands éclats de rire, dignes des
plus belles amitiés. La suite n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, car
cela doit rester le secret des marins et des marines… ^^
Au petit matin, Fred jouait encore avec Mildred à Titanic,
à la proue du Poseidon. Les bras écartés et les cheveux au vent.
Quelque chose avait du se passer qui avait changé
son cœur.
Elle souriait…
Jack Rackham
Photo montage : Ramon Bruin.